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— Allez ! cria le Chat-Tigre, cette fois plus de pitié, que cette porte tombe en morceaux.

Les coups redoublèrent avec fureur ; une planche se détacha, la jeune fille épaula vivement son fusil, et lâcha la détente, le coup partit ; un cri de douleur lui répondit comme un funèbre écho ; un des bandits avait été frappé en pleine poitrine ; il y eut parmi les assaillants un moment de stupeur dont la courageuse jeune fille profita pour recharger son arme.

Nous avons abandonné les frères de la Côte, au moment où, guidés par don Pedro Garcias, ils quittaient la Vera-Cruz et s’élançaient à toute bride dans la direction del Potrero.

Mais à peine avaient-ils franchi les portes, qu’un cavalier accourut vers eux à toute bride, suivi d’une quarantaine d’hommes, portant l’uniforme des dragons de l’infante.

Les frères de la Côte firent halte ; le duc de la Torre reconnut avec surprise dans le cavalier galopant en tête des autres, le comte de la Sorda Caballos.

— Señores, dit celui-ci, je viens me mettre à votre disposition ; je vous amène un renfort de quarante cavaliers ; après les services éclatants que nous a rendus le duc de la Torre, il est de mon devoir de l’aider à châtier le misérable, qui a traîtreusement enlevé sa femme et sa fille.

— Merci, comte, répondit franchement le duc, nous acceptons votre concours et le renfort que vous nous amenez.

L’arrivée des dragons portait à près de cent le nombre des hommes réunis pour donner la chasse aux bandits.

La conduite, en apparence si brave et si loyale du gouverneur, étonna beaucoup les Espagnols, bien qu’ils n’en laissassent rien paraître ; cependant s’ils s’étaient donné la peine de réfléchir cinq minutes, ils auraient reconnu qu’elle était de la plus rigoureuse logique. Le comte don Antonio de la Sorda Caballos était une créature du gouverneur général de l’île de Cuba ; les