Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bandits dont il était le chef, à la nouvelle de l’approche des flibustiers, l’avait particulièrement frappé ; en effet, ces hommes de boue, toujours prêts à commettre les crimes les plus horribles, étaient incapables de soutenir une lutte quelconque, contre un ennemi résolu.

En général, les scélérats sont lâches ; ils ne sont pas les hommes de la bataille, mais seulement ceux du guet-apens ; combattre loyalement au grand jour, poitrine contre poitrine, n’est pas leur fait ; le cœur leur manque, ils ont peur et ils abandonnent lâchement leurs armes ; tous ces raisonnements, il ne fallut au Chat-Tigre que quelques minutes pour les faire ; ce laps de temps lui suffit pour acquérir la certitude qu’il ne devait pas songer à se défendre, dans de telles conditions ; un seul moyen lui restait, offrant quelques faibles chances de succès, bien que très-dangereux, essayer de fuir ; ce fut à ce moyen qu’il s’arrêta.

Que les frères de la Côte eussent appris qu’il s’était retiré au Potrero, cela ne faisait plus de doute ; mais en supposant même qu’on leur eût révélé sa présence à la venta, il espérait avoir assez de temps devant lui pour abandonner la vieille habitation et prendre une avance considérable, pendant que les flibustiers chercheraient l’entrée secrète, par laquelle il s’était introduit dans la maison forte.

L’hacienda ne possédait que trois issues : celle par laquelle avaient passé les bandits, parfaitement dissimulée, était presque impossible à découvrir à moins de bien la connaître ; une seconde issue, tout aussi cachée, donnait dans l’intérieur de la venta ; enfin une troisième, la plus importante de toutes, débouchait par d’immenses souterrains à une longue distance dans la campagne ; c’était par cette dernière issue que le Chat-Tigre se proposait de fuir.

Il rassembla tous ses hommes ; après leur avoir fait une allocution dans laquelle il les félicitait chaleureusement du courage qu’ils avaient montré, de l’intelligence