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frère s’entendirent pour faire disparaître cette frêle créature.

— Disparaître !

— Oh ! permettez, madame ; le docteur Guénaud était un trop galant homme, trop bien posé dans le monde pour consentir à se rendre coupable d’un meurtre. L’enfant a été abandonné, cela est positif ; mais par les soins du docteur Guénaud, ou votre frère lui-même ; la pauvre créature a été confiée à une famille de paysans, à de pauvres gens, qui moyennant une grosse somme, l’ont élevé comme leur enfant, maintenant qu’est-il devenu ? est-il mort ? est-il vivant ? voilà ce que nous ignorons et ce que, seul, votre frère peut dire !

— Eh bien, monsieur, qu’attendez-vous ? s’écria-t-elle avec élan ; faites-moi reconduire à la Vera-Cruz, mettez-moi en présence de mon frère, et j’en ai l’espoir…

En ce moment un grand bruit se fit entendre à la porte de l’antichambre.

— Qu’est cela ? s’écria le Chat-Tigre, que se passe-t-il donc ?

— Il se passe, dit Fleur-de-Mai, avec un sourire triste, que la vengeance arrive, que le châtiment approche !

— Allons donc, enfant ! vous êtes folle ! livrez-moi passage !

Et repoussant brusquement la jeune fille, le Chat-Tigre s’élança vers la porte où le bruit continuait.

— Qu’y a-t-il ? demanda le Chat-Tigre en ouvrant la porte.

— Capitaine, répondit l’homme qui avait frappé, Sandoval, envoyé par vous en batteur d’estrade est arrivé.

— Eh bien ?

— Il est tout effaré ; il apporte, dit-il, des nouvelles de la plus haute importance.

— Le diable soit du bélître ! ne pouvait-il attendre que je fusse descendu ?

— Il paraît que non, capitaine ; il dit que vous devez être prévenu, sans perdre un instant.