Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et elle se disposa à porter un second coup, mais en ce moment elle entendit-marcher au dehors.

— Holà, quelqu’un ? cria-t-elle.

— Que voulez-vous ? pourquoi faites-vous ce tapage infernal ? répondit la voix du Chat-Tigre.

— Parce que je veux avoir une explication avec vous.

— Vous ? Fleur-de-Mai ?

— Oui, mais ouvrez ; je ne suis pas d’humeur à faire la conversation à travers une porte ; oui ou non, voulez-vous me donner l’explication que je vous demande ?

— Pourquoi non, si c’est possible ? je venais précisément dans l’intention de causer avec vos compagnes.

— Eh bien alors, ouvrez.

Une clé grinça dans la serrure, la porte s’ouvrit.

— Venez ; dit le Chat-Tigre.

— Non pas, répondit vivement la jeune fille en faisant un pas en arrière, entrez au contraire ; cette explication nous l’aurons ici ; je vous connais, à présent, Chat-Tigre, vous ne me tromperez plus.

— Tu es folle, enfant, pourquoi essayerais-je de te tromper ?

— Parce qu’il est dans votre nature de prendre des voies détournées ; que de plus vous êtes très-contrarié de me voir auprès de ces dames ; vous ne demanderiez pas mieux que de vous débarrasser de moi.

Le bandit haussa les épaules.

— Que m’importe votre présence, fit-il ; voyons, qu’avez-vous à me dire, parlez ?

— J’ai à vous dire que je ne vous reconnais pas le droit de m’enfermer entre quatre murs.

— Qui vous empêche de vous en aller ? partez, vous êtes libre.

— Soit ; mais je ne puis partir seule.

— Ceci est une autre affaire ; ces dames resteront ici ; du moins jusqu’à nouvel ordre.

— Chat-Tigre, vous êtes fou ! la passion vous aveugle, vous ne songez pas au danger terrible dont, en ce mo-