Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nit autour de lui les otages et ils retournèrent de compagnie vers la grande place ; au moment où ils atteignaient les premiers rangs des frères de la Côte, Vent-en-Panne remarqua qu’une certaine agitation régnait parmi eux.

— Que se passe-t-il donc ? demanda-t-il au beau Laurent, qu’il vit se promenant de long en large d’un air de mauvaise humeur.

— Il y a, répondit celui-ci, que sur mon âme, tu es trop bon ! ces misérables Gavachos se moquent de nous.

— Comment cela ? qu’est-il arrivé ?

— Il est arrivé qu’on a saisi un de ces drôles, au moment où il essayait de s’introduire dans la ville par une brèche de la muraille ; ce ne peut être qu’un espion de nos ennemis.

— C’est probable ; dit Vent-en-Panne ; qu’en as-tu fait ?

— J’ai donné l’ordre qu’on l’amenât ici, je veux le faire fusiller devant le front de bandière des Gavachos, afin de bien leur montrer que nous ne les craignons point.

— Mais avant, ne serait-ce que pour la régularité de l’exécution, je crois, dit Vent-en-Panne, qu’il serait bon de constituer une commission militaire ; et de le soumettre à un interrogatoire en règle ; les otages m’accompagnent, ils assisteront au jugement de ce coquin, afin de témoigner plus tard, si cela est nécessaire, de la façon dont nous savons rendre la justice.

— Tu as peut-être raison, frère ; puisque tu es notre chef, charge-toi de ce soin, du reste voici l’homme en question que l’on amène.

Au même instant, une troupe d’une dizaine de flibustiers déboucha en effet de la grande rue et pénétra sur la place ; cette troupe conduisait un homme qui, malgré la situation précaire dans laquelle il se trouvait et le danger terrible suspendu sur sa tête, semblait si peu inquiet, qu’il riait et causait du meilleur cœur avec ceux qui le conduisaient.