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capitulation, puis après avoir fait à l’Olonnais et à Pitrians signe de le suivre, il se dirigea en toute hâte vers le môle, où il espérait rencontrer le duc ; il ne se trompait pas ; le duc surveillait l’embarquement des lingots, embarquement qui s’exécutait activement, et selon toutes les probabilités, devait être terminé avant le coucher du soleil.

En apercevant Vent-en-Panne les sourcils du duc se froncèrent, il supposa que le chef des flibustiers venait s’assurer de l’exécution stricte du traité, et se sentit blessé de cette méfiance, que rien ne justifiait en effet ; mais les premiers mots prononcés par Vent-en-Panne dissipèrent son erreur, tout en le jetant dans un profond désespoir.

Selon son habitude, le vieux flibustier avait été droit au but, et lui avait en deux mots et sans circonlocutions, raconté ce qui s’était passé.

— Je vous accompagne, messieurs ! s’écria vivement le duc. Cet homme doit être encore dans la ville, nous fouillerons toutes les maisons s’il le faut. Mon Dieu ! est-ce donc là la récompense que je devais recevoir de mon dévouement ! tandis que j’exposais ma vie pour sauver la ville, mes ennemis me portaient ce coup terrible !

— Ne les accusez pas, M. le duc, lui dit franchement Vent-en-Panne ; vos ennemis ne sont pour rien dans cette affaire. Le Chat-Tigre, vous le savez, est votre ennemi personnel, comme il est le mien. C’est sa vengeance qu’il a voulu assurer, en s’emparant de la duchesse et de votre fille.

— C’est vrai ! murmura le duc avec accablement ; pardonnez-moi, mon ami ; j’ai la tête perdue ; mais n’hésitons pas davantage ; chaque minute écoulée augmente le péril des deux êtres que j’aime le plus au monde ; je vais donner l’ordre aux otages de me suivre, afin de justifier aux yeux de tous, la résolution que je prends et dont les motifs doivent demeurer inconnus.

Vent-en-Panne fit un geste d’assentiment, le duc réu-