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premier rang tout armés, avec leurs équipages, d’élever des forteresses comme celle de Saint-Jean-de-Luz et celle de la ville ? Allons, allons, monseigneur n’insistez pas ; c’est pour rien.

— Mais enfin, monsieur, ce que vous dites là peut être vrai jusqu’à un certain point ; permettez-moi cependant de vous faire observer que ce n’est pas cela que nous discutons en ce moment.

— Oui, je le sais bien, nous sommes deux marchands, essayant de nous défaire avantageusement de notre marchandise.

— Marchands ou non, mon cher capitaine, il y a une question à laquelle vous n’avez pas songé et qui mérite pourtant qu’on s’y arrête.

— Quelle est cette question ? mon Dieu, je suis bon homme, je ne demande pas mieux que de traiter à l’amiable, moi !

— Eh bien, mais pour cela, il ne faut pas me mettre dans l’impossibilité de traiter avec vous.

— Pardon, monsieur le duc, où voyez-vous une impossibilité ?

— Vous me demandez vingt-cinq millions !

— De piastres, c’est vrai, je vous demande vingt-cinq millions de piastres.

— Pour vous les donner, il faut les avoir.

— Parfaitement raisonné.

— Je ne les ai pas.

— En êtes-vous bien sûr, monsieur le duc ?

— Je puis vous le certifier, capitaine ; ce sont les notables eux-mêmes et les principaux négociants qui me l’ont affirmé sur l’honneur.

— Eh bien, monseigneur, permettez-moi de vous le dire, les notables et les principaux négociants de la Vera-Cruz vous ont trompé.

— Moi ?

— Tout ce qu’il y a de plus trompé !

— Oh ! prouvez-moi cela, et alors !…