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Cet homme était Muñoz, le valet de chambre du duc ; sa blessure était grave, à la vérité, mais ne mettait pas ses jours en danger ; l’énorme quantité de sang qu’il avait perdu, avait produit la syncope, et probablement aurait amené la mort, si l’Olonnais ne s’était hâté après avoir lavé la plaie, de la bander solidement. Les deux jeunes gens avaient transporté le blessé sur un lit de repos, et l’y avaient étendu ; cependant il s’écoula un temps assez long, avant que ses forces fussent assez revenues pour qu’il lui fût possible de répondre aux questions que l’Olonnais brûlait de lui adresser.

Enfin son regard jusque-là égaré, et sans expression, devint plus clair, se fixa et l’intelligence y reparut ; il reconnut les deux jeunes gens ; un sourire triste éclaira son pâle visage, et laissant échapper un profond soupir :

— Oh ! murmura-t-il, pourquoi êtes-vous venus si tard ?

— Que s’est-il passé ? demanda vivement l’Olonnais.

— Une chose horrible ; reprit le blessé de cette voix lente et monotone de l’homme, dont les forces sont presque épuisées ; le palais a été envahi par des bandits ; ils ont brisé les meubles, volé les bijoux.

— Les flibustiers ont osé faire cela ? s’écria l’Olonnais avec indignation.

Muñoz hocha tristement la tête.

— Non, dit-il, les flibustiers n’ont pas paru ici !

— Mais quels sont donc ces misérables alors ? reprit le jeune homme.

— Des Mexicains ; après avoir mis le palais au pillage, ils se sont retirés en enlevant Mme la duchesse et sa fille doña Violenta.

— Ces hommes, vous ne les connaissez pas ?

— Leur chef est venu ici, une fois déjà ; c’est moi qui le reçus, il portait l’uniforme de capitaine, et se fit annoncer sous le nom de Peñaranda.

— Ah ! s’écria l’Olonnais avec un tressaillement de fureur, c’est le Chat-Tigre ; ces dames n’ont pas résisté ?