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XVIII

QUEL MOYEN EMPLOYA DON PEDRO GARCIAS POUR RENCONTRER L’OLONNAIS

L’Olonnais, lorsqu’il avait envoyé Fleur-de-Mai au palais du duc de la Torre, croyait arriver, sinon en même temps que la jeune fille, du moins tout au plus quelques minutes après elle ; malheureusement, il se trouva retenu plus longtemps qu’il ne l’aurait voulu, voici comment :

Parmi les paysans, qui, le matin, s’étaient présentés pour entrer dans la Vera-Cruz, une dizaine s’étaient sauvés à travers champs ; les flibustiers savaient que si la nouvelle de leur débarquement se répandait, en moins de deux heures, ils auraient à lutter contre des forces considérables, accourues de toutes les villes voisines et des villages des environs ; que par conséquent, ils seraient obligés de se rembarquer en toute hâte et de perdre ainsi tous les avantages de leur hardi coup de main ; il était donc important pour eux de ne laisser fuir aucun des Mexicains, soit parmi les habitants de la ville, soit parmi les paysans venus à la Vera-Cruz pour y vendre leurs denrées.

Le beau Laurent donna donc l’ordre à l’Olonnais de prendre quelques hommes et de ramener les fugitifs ; mais ainsi que l’a dit un ancien poète, la peur donne des ailes aux moins ingambes ; ici ce n’était pas seulement de la peur, mais une épouvante superstitieuse que les paysans éprouvaient pour les flibustiers qu’ils considéraient comme des démons ; aussi avaient-ils pris