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halte et prirent position sur la lisière d’un bois taillis fort touffu situé à courte portée des murailles de la ville ; des troupes parties en avant, on n’avait aucunes nouvelles ; sans doute depuis longtemps elles avaient atteint les postes désignés et s’y étaient embusquées.

Pitrians prit Vent-en-Panne et le beau Laurent à part, puis lorsque tous trois furent un peu éloignés du gros des flibustiers, Pitrians dit à voix basse aux deux chefs :

— J’ai à vous faire une communication assez sérieuse ou que, du moins, je crois telle ; il est important que vous soyez instruits, avant de donner l’assaut à la ville…

— De quoi s’agit-il donc ? demandèrent à la fois les deux hommes.

— Vous aviez avec vous, n’est-ce pas, à bord de l’escadre… reprit Pitrians.

— Fleur-de-Mai ! interrompit vivement Vent-en-Panne ; Danican qui fait partie du détachement de David, ne l’a pas vue à terre ; elle est sans doute restée à bord de la Trinidad.

— Vous vous trompez, amiral ; elle n’est pas à bord.

— Comment le sais-tu ?

— Pardieu ! bien facilement, si vous voulez m’écouter, en deux mots vous serez au fait.

— Eh bien ! parle, hâte-toi.

Le jeune homme raconta alors, en quelques mots, tout ce qui s’était passé entre lui et la jeune fille ; jusqu’au moment où il l’avait confiée à Pedro Garcias et s’était séparé d’elle.

Ce singulier récit frappa de surprise les deux flibustiers.

— Démon d’enfant ! murmura Vent-en-Panne ; je me doutais qu’elle me jouerait quelque tour ! que penses-tu qui soit résulté de tout ceci ? ajouta-t-il en s’adressant à Pitrians.

— Je pense et cela ne fait pas pour moi le moindre doute, que grâce à son guide qui est mon intime ami, et un contrebandier des plus habiles du Mexique, et en cette qualité s’est créé des relations innombrables dans tous