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Cependant le Mexicain et la jeune fille galopaient vers la Vera-Cruz.

— C’est un arsenal que vous portez, jeune fille ? dit curieusement l’haciendero au bout d’un moment.

— Je n’ai que deux fusils, deux paires de pistolets et deux poignards.

— Caraï ! je trouve que c’est très-joli comme cela ; à quoi bon vous être chargée de ces armes ?

— Parce que j’en ai besoin, señor.

— Cependant pour entrer dans la prison ?

— Señor, il faut que j’entre dans la prison avec mes armes, je les cacherai sous le manteau que vous m’avez prêté.

— Ah ! diable ! je crois que je comprends ! mais c’est une Judith que cette faible fille !

Après trois quarts d’heure d’une course rapide, les voyageurs atteignirent la ville. L’haciendero longea silencieusement les murailles, pendant environ cent cinquante pas ; puis arrivé à un certain endroit, il fit descendre son cheval dans le fossé, remonta le bord opposé et arrivé à l’angle d’un bastion, il se trouva devant une brèche presqu’impossible à apercevoir du dehors, et que d’un bond le cheval franchit légèrement.

Ils étaient dans la ville ; minuit sonnait, les rues étaient complétement désertes ; tout le monde dormait ; d’espace en espace de rares Celadores, appuyés contre les murs ne se dérangeaient nullement au passage du cavalier. Après avoir tourné dans nombre de rues, don Pedro s’arrêta aux pieds des murs de la forteresse.

Comme le reste de la ville, la citadelle semblait plongée dans un profond sommeil ; tout était sombre, aucune lumière ne brillait ; l’haciendero fit mettre pied à terre à la jeune fille, descendit lui-même ; puis après avoir attaché son cheval, il fit signe à Fleur-de-Mai de le suivre.

Tous deux s’approchèrent alors du fossé dans lequel ils descendirent ; après avoir fait quelques pas, don Pedro s’arrêta devant une porte basse. Il recommanda