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à notre avantage, d’autant plus qu’un des nôtres, le plus aimé peut-être d’entre nous, l’Olonnais est prisonnier des Gavachos, que nous avons juré de le sauver ou de le venger et que ce serment, nous le tiendrons.

— Oui ! oui ! crièrent les flibustiers en agitant leurs armes ; vive Vent-en-Panne, vive l’Olonnais ! à bas les Gavachos !

— Pitrians, demanda Vent-en-Panne, combien de temps nous faut-il pour arriver à la Vera-Cruz ?

— Une heure et demie, amiral.

— À quelle heure ouvrent les portes ?

— Au lever du soleil, c’est-à-dire à six heures.

— C’est bien, on dormira jusqu’à quatre heures du matin, à quatre heures branle-bas ; il faut au lever du soleil être devant la Vera-Cruz ; c’est entendu, n’est-ce pas ? allez dormir.

Vent-en-Panne sauta de son tonneau et s’adressant à Montauban :

— Frère, lui dit-il, retourne à ton bord ; il importe que ton attaque coïncide avec la nôtre.

Une demi-heure plus tard, les cent hommes demandés par Vent-en-Panne étaient débarqués, et l’escadre appareillait.

Les flibustiers s’étaient étendus çà et là sur le sol et dormaient à poings fermés, avec cette insouciance caractéristique des gens pour lesquels la vie est un danger perpétuel et qui par conséquent ne songent même plus au péril ; les chefs seuls étaient éveillés, ils écoutaient le récit image que leur faisait Pitrians de ce qui s’était passé à la Vera-Cruz et de la façon dont l’Olonnais et lui étaient tombés dans le guet-apens tendu par le Chat-Tigre ; les flibustiers reçurent avec joie la nouvelle de la mort de Bothwell et ils se jurèrent que le Chat-Tigre ne tarderait pas à le rejoindre.

— Tu nous serviras de guide, n’est-ce pas, Pitrians, dit Vent-en-Panne, quand le jeune homme eut terminé son long récit.

— Fichtre ! je le crois bien ; vous ne me l’auriez pas