— Dame ! il y est venu tout seul ; ce n’est pas moi qui suis allé le chercher.
— Je comprends cela ? mais pourquoi est-il venu ?
— Pour m’arrêter.
— Lui tout seul ?
— Mon Dieu, oui.
— Alors il était fou !
— C’est ce que je lui ai dit ; il n’a pas voulu me croire.
— Oui, et vous le lui avez prouvé ; eh bien ! tant pis pour lui, et tant mieux pour vous ; c’est un bandit de moins ; par malheur il n’en manque pas d’autres de son espèce, ainsi n’en parlons plus.
— Pardon, cher don Pedro, parlons-en au contraire ?
— Bon ! pourquoi cela ?
— Parce que vivant je me souciais très-peu de sa compagnie, et que mort, je ne m’en soucie plus du tout.
— Et vous voulez vous en débarrasser ? ce n’est pas difficile, il ne s’agit que de lui attacher une pierre au cou et le jeter à la mer.
— C’est ce que je vais faire ; je ne me soucie pas qu’on le trouve ici.
— Mais j’espère bien que vous n’allez pas y rester ?
— Dame ? où voulez-vous que j’aille ? je suis étranger dans ce pays.
— Vous allez revenir avec moi, mon maître. J’ai promis à votre compagnon de vous cacher en lieu sûr, je tiendrai ma promesse.
— Vous avez vu mon compagnon ?
— Oui ; je n’abandonne pas mes amis dans le malheur, moi. Je ne sais pas qui vous êtes ni l’un ni l’autre ; je ne veux pas le savoir. Peut-être si je cherchais bien, finirais-je par le deviner ; mais j’ai pour habitude de ne jamais m’occuper de ce qui ne me regarde pas ; et puis vous êtes de franches natures et vous me plaisez ; ainsi laissons tout cela pour nous occuper de nos affaires présentes.
Au moyen de la reata de Pitrians le cadavre de Both-