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vous me cherchiez, de me rencontrer en train de me promener tranquillement sur la croupe de votre cheval ?

Tout en parlant ainsi, Pitrians avait forcé d’un vigoureux coup de talon le cheval à se relever et à pénétrer dans la grotte ; puis arrivé là, sans lâcher son prisonnier, le jeune homme s’était brusquement jeté de côté et l’avait ainsi entraîné dans sa chute.

À peine Bothwell fut-il à terre que Pitrians, sachant à quel homme il avait affaire, lui appuya lourdement le genou sur la poitrine ; tandis que d’une main, il le retenait immobile, de l’autre, il lui enlevait ses armes.

— À présent, compagnon, lui dit-il, relevez-vous et soyez sage ; mais d’abord croisez vos bras derrière le dos, afin que je vous les attache ; vous êtes un dangereux camarade, avec lequel ce serait folie de faire de la générosité ; allons, hâtez-vous d’obéir, sinon je vous brûle !

Le bandit contraint de s’exécuter, croisa ses bras sans répondre.

— Voilà qui est fait, reprit Pitrians ; attendez, nous n’en avons pas encore fini ensemble.

Le jeune homme battit le briquet et alluma une torche, qu’il plaça de façon à ce que la lueur ne fût pas aperçue du dehors.

— Là ! dit-il alors ; causons ; je ne vous cache pas que j’ai certains renseignements à vous demander, auxquels vous me ferez le plaisir de répondre catégoriquement ; c’est dans votre intérêt, que je vous donne ce conseil.

— Bon, répondit l’autre avec un sourire amer ; pourquoi répondrai-je à vos questions ? que je garde ou non le silence, il est évident que vous me tuerez, n’est-ce pas ?

— Je dois avouer, mon camarade, que vous avez deviné ; ce qui fait énormément d’honneur à votre perspicacité.

— Eh bien, si vous me tuez, pourquoi me fatiguerais-je à répondre à vos questions ?