trians toujours juché sur son observatoire, ne demeurait pas oisif ; à un certain moment une idée qui devait être très-singulière, ou plutôt très-excentrique, comme on dirait aujourd’hui, lui traversa sans doute le cerveau, car le jeune homme se mit joyeusement à rire ; puis il déroula la reata, en cuir tressé, qu’il portait attachée à sa ceinture, attacha solidement une des extrémités à une pointe de rocher, laissa pendre le reste par-dessus le plateau ; puis empoignant la reata des deux mains, il s’accroupit sur le bord de la falaise, passa par-dessus en faisant la culbute et se laissa doucement glisser dans le vide.
Le cheval de Bothwell, tout en tâtonnant et guidé avec précaution, avait réussi à tourner la falaise sans encombre ; bientôt le bandit découvrit l’ouverture de la caverne dans laquelle il se prépara à pénétrer.
Tout à coup le cheval fit un mouvement brusque qui faillit renverser son cavalier et s’affaissa sur ses jambes de derrière, en même temps, le bandit était saisi à bras-le-corps, par une étreinte puissante, irrésistible, et réduit à l’impuissance de faire le moins mouvement.
À peine cette surprise était-elle exécutée, qu’une voix railleuse dit à l’oreille du bandit, ces mots qui firent courir un frisson par tous ses membres, bien qu’ils n’eussent rien de menaçant en apparence :
— Eh bonsoir, cher monsieur Bothwell, comment cela va-t-il ? C’est bien charmant à vous, de venir faire visite à un ami dans le malheur.
— Démon ! fit le bandit, si tu ne m’avais pas pris à l’improviste !
— Mon Dieu ! que voulez-vous ? continua Pitrians du même ton goguenard ; il faut en prendre votre parti, cher maître ; mieux que personne, vous savez que la vie est une suite non interrompue de surprises agréables ou fâcheuses, selon les circonstances ; mais voyons, là franchement, donnez-moi votre avis, vous qui êtes connaisseur, comment trouvez-vous celle-ci ? pas mal exécutée, hein ? vous ne vous doutiez guère tout à l’heure, quand