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— Oh ! ne niez pas, cela est. Malgré la perfection des déguisements, j’ai presque réussi, non pas seulement à les reconnaître pour flibustiers, mais à deviner leurs noms ; si vous l’ignoriez, sachez qu’un de ces hommes est entre mes mains ; hier je l’ai fait prisonnier ; par lui j’obtiendrai les derniers renseignements dont j’ai besoin sur l’expédition de Vent-en-Panne ; je possède pour cela des moyens infaillibles.

La duchesse de la Torre était en proie à une agitation extrême, elle écoutait le capitaine avec une impatience fébrile ; tout à coup elle s’élança vivement vers lui et lui secouant violemment le bras :

— Monsieur, s’écria-t-elle, si incroyable que soit tout ce que vous nous avez dit, je ne sais pourquoi il me semble qu’il doit y avoir au fond de tout cela, une vérité terrible ; eh bien ! j’ai, moi aussi, un mot à vous dire ; ce mot le voici : il faut par tous les moyens que j’arrive à prouver que vous avez menti ; que cet enfant prétendu n’a jamais existé ; ou que mon frère, dont le caractère implacable m’a souvent effrayée, ait réellement poussé sa vengeance à l’extrême ; vous vous êtes emparé, dites vous, d’un flibustier, facilitez-moi une entrevue avec cet homme ; peut-être par lui apprendrai-je ce que j’ai un si grand intérêt à savoir ?

— Vous le connaissez donc ?

— Que vous importe ?

— Il m’importe si bien, madame, que nul autre que moi ne verra ce frère de la Côte, du moins jusqu’à ce que j’aie eu avec lui une conversation confidentielle ; adieu madame ; vous monsieur le duc, au revoir ; vous regretterez avant quarante-huit heures, les insultes que vous m’avez prodiguées ; je venais vers vous, plein d’indulgence ; disposé à vous servir ; vous avez méconnu mes intentions. Eh bien ! soit, puisque vous le voulez, je serai votre ennemi.

— Monsieur, un mot encore, s’écria la duchesse avec prière.

— Il est trop tard, madame, je retrouverai mon fils