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vous expliquer ; si vos raisons sont bonnes, il les accueillera ; voulez-vous vous rendre, oui ou non ?

— Non, et de plus, je vous avertis que si vous nous y contraignez, nous repousserons la force par la force.

— À votre aise ! répondit le Chat-Tigre en ricanant. Pour la dernière fois, au nom du roi, voulez-vous vous rendre ?

— Non ! répondirent les deux jeunes gens en armant leurs pistolets.

— Feu sur eux, mes braves ! et en avant ! cria le Chat-Tigre.

Les bandits s’élancèrent en tirant quelques coups de feu au hasard ; les balles des flibustiers furent mieux dirigées, elles abattirent quatre hommes.

Cela donna à réfléchir aux autres ; ils ralentirent leur course, et malgré les cris et les menaces du Chat-Tigre ils se tinrent à distance.

Les flibustiers avaient repassé les pistolets déchargés à leurs ceintures, et en avaient repris d’autres.

— Ah ! male mort ! hurla le Chat-Tigre, je vous aurai, démons, où vous me tuerez !

Il y eut alors une mêlée terrible de quelques minutes ; tout à coup le cheval de l’Olonnais dont un des bandits avait traîtreusement coupé les jarrets, s’abattit en poussant un hennissement de douleur ; l’animal tomba si malheureusement que son cavalier eut la jambe droite prise sous lui.

— Au large ! au large ! ne t’occupe plus de moi ! cria l’Olonnais à son compagnon, sans oublier dans ce moment critique de parler espagnol, je n’ai rien à redouter ; ces drôles seront punis.

Pitrians fit cabrer son cheval, l’enleva et le poussa si rudement en avant qu’il renversa tout sur son passage, et se trouva près de son ami.

— Puis-je te sauver ? lui cria-t-il.

— Non ! tu le vois ! pousse au large, te dis-je ! il faut que l’un de nous reste libre !

— Au revoir, frère, je t’obéis ! mais tu seras vengé ?