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— Que faire ? dit alors Pitrians.

— Tout simplement remonter à cheval, continuer notre route paisiblement, comme si nous allions à Medellin, et nous y rendre en effet si nous le pouvons. Quant à l’affaire pour laquelle nous sommes venus, elle est manquée, il n’y faut plus penser.

Tout en parlant ainsi, les deux jeunes gens étaient remontés à cheval et s’éloignaient au grand trot du carrefour.

— Ils n’auront pas de prétextes, puisque nous ne serons pas sur le passage du courrier ; que nous voyageons tranquillement pour nos affaires, dans un but avoué, comme tout le monde.

— Heu ! heu ! tout cela est très-bien ; mais je t’avoue que je ne me fie guère au Chat-Tigre ; et que je ne serais pas fâché de savoir à quoi m’en tenir sur cette affaire.

— De deux choses l’une ; ou ne nous trouvant pas à l’endroit où ils comptaient nous rencontrer, ils rebrousseront chemin, où aveuglé par sa haine le Chat-Tigre voudra nous arrêter quand même, et alors comme il ne sera pas dans la légalité, il y aura bataille ; je ne me soucie pas de me laisser prendre comme cela, par ce drôle ?

— Ni moi non plus ; dit Pitrians.

— Nous avons chacun deux paires de pistolets, des munitions en quantité, nos machetes et nos poignards, s’ils veulent risquer la bataille ce sera tant pis pour eux, nous résisterons bel et bien.

— Parfaitement, et si nous sommes accablés par le nombre ?

— Tout en combattant, notre but devra tendre continuellement à nous échapper, chacun d’un côté différent.

— Le rendez-vous sera ?

— À la caverne ; si l’un de nous est pris ; dame ! tu comprends, cher ami, l’autre agira selon les circonstances.