Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son ; il faut que je sois un fier imbécile, pour ne pas avoir deviné cela du premier coup.

— Là, tu vois bien. Tu n’as pas autre chose à me demander, pendant que tu y es ?

— Non, capitaine, vous êtes bien honnête, je vous remercie.

— Il n’y pas de quoi ; dit en riant Vent-en-Panne ; maintenant, garçons, fit-il en s’adressant à ses compagnons, nous allons pousser au large, il n’est que temps ; tu viens avec nous, David ?

— Je le crois bien ! que veux-tu que je fasse ici ?

— Et toi, Pitrians, est-ce que tu vas partir ?

— Non, pas encore, capitaine, il reste trois heures de nuit, je vais m’envelopper dans mon zarape, me coucher près du feu, et dormir jusqu’au lever du soleil.

— Ah coquin ! fit en riant le frère de la Côte ; tu sais prendre tes aises, toi ! mais va, mon enfant, je ne t’en veux pas, tu es un bon cœur ; crois que je suis reconnaissant de ce que tu fais en ce moment pour nous ; en réalité ta position dans ce maudit pays est des plus précaires.

— Bah ! laissez donc, capitaine, le souci tuerait un chat ! si l’on pensait au danger on passerait sa vie à mourir de peur !

Tous les flibustiers éclatèrent de rire, à cette singulière boutade.

Vent-en-Panne et David embrassèrent le jeune homme, les autres frères de la Côte lui serrèrent affectueusement la main, puis ils quittèrent la grotte, démarrèrent le canot, poussèrent au large, et quelques minutes plus tard, ils avaient disparu dans les ténèbres.

Lorsque le bruit des avirons eut cessé de se faire entendre, Pitrians rentra dans la grotte, et ainsi qu’il l’avait dit, il s’étendit près du feu et dormit à poings fermés jusqu’au lever du soleil.

Vers une heure de l’après-midi, il était de retour à la Vera-Cruz.

L’Olonnais attendait son retour avec anxiété ; le