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Pitrians suivit David, après lui avoir recommandé de se tenir un peu à l’écart, ce que l’autre fit ; il se pencha en avant et bientôt il aperçut une ombre glissant sur l’eau.

Cinq minutes plus tard, l’avant d’une pirogue s’enfonçait en grinçant dans le sable et plusieurs hommes armés sautaient sur la plage.

— Qui vive ? cria la voix forte de Vent-en-Panne.

— Pitrians ! répondit aussitôt le jeune homme en s’élançant vers lui.

Vent-en-Panne lui serra la main.

— Sois le bienvenu, frère, lui dit-il, mon matelot t’accompagne ? c’est lui qui sans doute est en train d’éteindre le feu ?

En effet David, chez lequel tous les instincts du boucanier s’étaient réveillés, était monté sur le sommet du cap et avait éteint le feu, afin que sa lueur durant trop longtemps, ne fût pas aperçue dans l’intérieur du pays ; précaution à laquelle le jeune homme n’avait pas songé, mais que Vent-en-Panne et ses compagnons approuvèrent fort.

— Non, répondit Pitrians avec un sourire, ce n’est pas l’Olonnais qui éteint le feu ; c’est un des nôtres, que vous croyiez mort sans doute et que vous serez heureux de revoir.

— Un des nôtres ! s’écria vivement Vent-en-Panne, dis-moi son nom, enfant ?

— C’est Pierre David.

— Pierre David ! l’un de nos meilleurs ! l’ami dont nous avons tant déploré la perte ! ah ! vive Dieu ! je veux le serrer dans mes bras !

— Me voici, frère ! me voici ! s’écria le flibustier en accourant vers lui.

— C’est lui ! c’est sa voix ! ah ! par le Dieu Tout-Puissant, je suis heureux de te revoir, frère !

Les deux frères de la Côte tombèrent dans les bras l’un de l’autre et demeurèrent longtemps embrassés.