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réflexions, une tristesse navrante s’était emparée de lui, le découragement pénétrait dans son cœur ; il se sentait seul ! mais bientôt la réaction se fit dans cette énergique nature.

— Suis-je un homme, ou un enfant qui se laisse abattre au premier choc ? murmura-t-il ; j’ai juré de la sauver, je la sauverai. Je l’aime, oh ! oui, je l’aime à mourir pour elle s’il le faut ! qu’importe que je meure puisque nous sommes séparés pour toujours ! au moins je veux mourir avec la certitude qu’elle sera heureuse.

Alors il se leva, quitta le confessionnal et sortit de l’église ; depuis longtemps déjà doña Violenta était rentrée au palais du duc.

Au lieu de retourner chez lui, où il savait ne trouver personne, puisque Pitrians avait quitté la Vera-Cruz, l’Olonnais, décidé à combattre et à vaincre sa tristesse, résolut de se promener à travers la ville jusqu’à ce que la fatigue le contraignît à s’arrêter.

Il prit une rue au hasard, et marcha à l’aventure ; le hasard le favorisa ; cette rue après plusieurs détours aboutissait aux remparts ; l’instinct du boucanier se réveilla dans l’esprit du jeune homme ; depuis qu’il habitait la Vera-Cruz, il n’avait jamais songé à examiner ses fortifications ; il résolut de saisir l’occasion qui lui était offerte et mit immédiatement son projet à exécution ; cette inspection faite avec le plus grand soin, lui prit la journée tout entière.

Vers six heures du soir, il rentra dans l’intérieur de la ville, il avait faim, depuis la veille, il était à jeûn ; il entra à l’ordinaire de Guadalupe, où déjà il avait dîné auparavant.

La première personne qu’il rencontra en pénétrant dans la salle fut don Pedro Garcias qui s’approcha de lui le visage souriant et la main tendue.