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famille, M. le duc ; malgré le temps encore si court, que j’ai passé à la Vera-Cruz, j’ai, plus que vous, été à même de me renseigner ; croyez-moi ; de tous les côtés on vous tend des pièges dans lesquels, si vous n’y prenez garde, vous finirez par tomber.

— Bah ! bah ! dit le duc avec un sourire affecté, vous voyez tout en noir ! vous oubliez trop que je suis un homme d’expérience, et que, si isolé que je paraisse, j’ai cependant pour me protéger le nom que je porte d’abord, et ensuite le prestige qui entoure le poste élevé auquel m’a appelé S. M. C. Bonne nuit, mon cher Olonnais, à demain.

— À demain, monseigneur ; Dieu veuille que, d’ici-là, vous ayez réfléchi.

Le jeune homme s’inclina respectueusement devant le duc, et sortit.

Pitrians l’attendait, le dos appuyé contre la porte par laquelle ils étaient entrés.

Pendant la longue absence de son ami, il n’avait rien vu, ni rien entendu de suspect.

Les deux flibustiers quittèrent le jardin et se dirigèrent à grands pas vers leur auberge.

Les rues étaient complétement désertes, toute la population paraissait endormie ; pourtant, deux ou trois fois, il sembla aux flibustiers, voir glisser des ombres mystérieuse le long des murailles, tantôt d’un côté de la rue, tantôt de l’autre ; mais comme personne ne s’approcha d’eux, ils n’attachèrent aucune importance à la marche à plus ou moins suspecte de ces rôdeurs nocturnes.

— Eh bien, demanda Pitrians, es-tu satisfait de ta visite à M. de la Torre ?

— Oui ; fit l’autre d’un ton de mauvaise humeur, satisfait comme un chat qu’on trempe dans une chaudière d’eau bouillante.

— Pourquoi donc cela ?

— Parce que le duc ne veut rien entendre, qu’il semble traiter de billevesées tout ce que je lui ai dit,