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en sérieuse considération ces précieux renseignements ; il se fait tard, les rues ne sont pas sûres pour vous, rentrez à votre auberge ; je crains qu’il ne vous arrive quelque accident en route ; surtout n’oubliez pas ceci dans notre intérêt commun ne me faites plus une seule visite pendant le jour.

— Je comprends l’importance de cette recommandation, M. le duc, j’y souscris, mais avant de vous quitter permettez-moi de vous faire un aveu.

— Parlez, mon ami.

— Je vous ai sollicité, je vous ai prié de ne pas quitter la ville ; jusqu’à présent vous avez refusé de vous rendre à ces prières et à ces sollicitations, je me vois donc dans l’obligation de vous dire catégoriquement, M. le duc, que si malgré mes justes observations, vous persévérez à partir pour les terres tempérées, je saurai vous contraindre à demeurer ici, malgré vous-même et quoi que vous puissiez penser de moi sur le premier moment.

— Si je ne comprenais pas et si je n’appréciais pas les motifs qui vous font ainsi parler, je ne souffrirais pas de pareilles injonctions. Je suis le seul juge de ma conduite, de la situation dans laquelle je me trouve et des moyens à employer pour en sortir. Je vous ai dit que j’avais besoin de réfléchir ; je vous le répète : n’insistons pas sur ce sujet, je vous prie ; ne me laissez pas supposer que vous, dont j’ai reçu tant de preuves d’amitié, je dirai même de dévouement, vous puissiez avoir des motifs que je ne veux pas rechercher pour vouloir malgré moi, et peut-être au détriment de mes intérêts, me retenir ici.

— Eh quoi ! M. le duc, s’écria vivement le flibustier dont le visage devint pourpre.

— Voyons, voyons, qu’il ne soit plus question de tout cela, interrompit le duc en se levant, revenez demain, à la même heure qu’aujourd’hui, j’espère que nous nous entendrons.

— Je le désire vivement pour vous et pour votre