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le seigneur duc y arrivera, de lui demander un peu de son superflu.

— Admirablement raisonné.

— Ainsi vous approuvez ce projet ?

— Moi, don Pedro, si je l’approuve ? c’est-à-dire que je n’ai qu’un regret, c’est qu’il ne me soit pas venu à moi-même !

— Bon ! alors voilà qui va bien, vous êtes des nôtres ?

— Entièrement ; vous pouvez compter sur mon ami et sur moi.

— Vous ne sauriez vous figurer, señor, combien cette assurance, me rend heureux, je craignais que vous ayez certains scrupules.

— Des scrupules, nous ! ah ! señor, comme on voit bien que vous ne connaissez pas les gens de Queretaro ! mais notre vie se passe en luttes continuelles contre le fisc, n’insistez donc pas davantage, je vous prie, cela me peinerait beaucoup. Quand devons-nous faire cette promenade, señor ?

— Bientôt je l’espère : c’est-à-dire lorsque le duc aura fixé le jour de son départ ; vous comprenez qu’il est important que nous prenions l’avance sur lui.

— Évidemment, ainsi c’est une affaire de trois ou quatre jours ?

— Tout au plus ; du reste voici les personnes qui ont bien voulu prendre la direction de l’entreprise, et auxquelles, avant même de vous en parler, je m’étais permis de vous recommander.

— Vous nous comblez, cher señor.

Au même instant, en effet, trois ou quatre individus, aux mines patibulaires, firent leur entrée dans la salle. Ces personnages étaient armés jusques aux dents, les vêtements qu’ils portaient ne prévenaient pas en faveur de leur fortune, dont l’état paraissait assez misérable.

En les apercevant l’Olonnais et Pitrians tressaillirent malgré eux ; ils avaient cru reconnaître deux de ces hommes ; mais leur émotion passa inaperçue au milieu