Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— For-Branle ! répéta aussitôt le maître d’équipage.

Ce commandement avait, au dix-septième siècle, la même signification que celui de branle-bas de combat, par lequel il a été remplacé de nos jours.

Le vaisseau sembla tressaillir depuis la pomme de ses mâts jusqu’à la carlingue, et il s’opéra subitement un mouvement général.

Les sifflets des contre-maîtres lancèrent leurs notes aiguës ; les tambours battirent, la cloche sonna, les trompettes jouèrent des fanfares ; des branles ou hamacs furent décrochés, roulés et montés sur le pont, ainsi que les couffes, espèce de sacs en sparterie dans lesquels les matelots renfermaient leurs vêtements ; hamacs et couffes furent placés dans les bastingages pour servir de rempart contre la mitraille et les balles des mousquets ; puis ce rempart fut coquettement recouvert d’une élégante tenture de drap bleu, parsemée de fleurs de lys d’or.

Lorsque le calme se fut rétabli, que chacun se trouva à son poste, le capitaine quitta la dunette et descendit sur le demi-pont, afin de passer une revue rapide de l’équipage ; et s’assurer par lui-même, si les mousquets étaient en bon état, les bandoulières garnies de cartouches ; les épées, les haches, les pertuisanes et les hallebardes, capables de faire un bon service.

La revue terminée, le capitaine fit un geste, suivi immédiatement d’un coup de sifflet du maître d’équipage, annonçant que la prière allait commencer. En effet, presque aussitôt, un vieillard d’une taille élevée, aux traits un peu sombres, au front chauve ; à la moustache blanche relevée, à la démarche imposante, apparut sur le pont en surplis, l’étole au cou, et précédé d’un valet agitant une sonnette.

Officiers, soldats et matelots, s’agenouillèrent respectueusement en se découvrant.

L’aumônier commença alors la prière, en récitant un verset que l’équipage répétait en psalmodiant avec un