avant vers le large, prenait le vent, et courait comme un alcyon sur la crête des lames.
Au moment où le lougre disparaissait en haute mer, une gerbe de flammes s’éleva de la maison isolée ; deux heures plus tard, elle n’était plus qu’un monceau de cendres. Personne n’avait essayé d’éteindre l’incendie. Les dignes Olonnais, réunis sur le seuil de leurs portes, regardèrent au contraire, avec une satisfaction visible, brûler cette maison mystérieuse, sur laquelle on racontait de si lugubres légendes.
À cinq ou six lieues des côtes, le lougre rallia un fort brick qui courait des bordées.
Les deux navires échangèrent quelques signaux, puis ils firent voile de conserve.
C’étaient deux bâtiments matelots.
Vers le soir, le comte descendit dans la cabine où il avait fait transporter le prince de Montlaur, et où déjà avait été placé son frère, le marquis de la Roche-Taillée, blessé par le comte d’un coup d’épée à travers la poitrine.
Les trois hommes demeurèrent enfermés pendant la nuit tout entière.
Que se passa-t-il entre eux ? nul ne le sut jamais.
Lorsqu’au lever du soleil le comte remonta sur le pont, ses traits étaient plus sombres, son visage plus pâle.
À trois heures de l’après-dîner, les deux navires mirent sur le mât, à portée de pistolet, la mer était assez calme, la brise maniable, les communications faciles.
Plusieurs embarcations se détachèrent des flancs du brick et se dirigèrent vers le lougre qu’elles atteignirent en quelques coups d’avirons.
Les prisonniers qui, jusqu’à ce moment avaient été retenus dans la cale du lougre, montèrent sur le pont et reçurent l’ordre de s’embarquer dans les canots.
Ils obéirent ; ils furent répartis dans trois embarcations qui retournèrent immédiatement au brick ; ces prisonniers étaient au nombre de vingt-cinq.