vous rendre témoins du châtiment, comme vous l’avez été de l’insulte. Cet homme s’est condamné lui-même en avouant son crime ; il n’a même pas essayé de l’amoindrir, tant la vérité et le cri de sa conscience le maîtrisaient et le contraignaient, malgré lui, à s’avouer coupable. Vous avez été témoins des efforts que j’ai tentés pour dompter son orgueil, et l’obliger à m’accorder la seule réparation possible de l’insulte que j’ai reçue : menaces, prières, j’ai tout essayé en vain ; ses oreilles sont restées sourdes, son cœur fermé ; en ce moment même, où il se sent perdu, où ses chairs frémissent sous l’étreinte de la peur, il est aussi inflexible que s’il était libre au milieu des siens ; que sa volonté s’accomplisse donc, et que Dieu juge entre nous !
Après avoir prononcé ces paroles d’une voix nerveuse et saccadée, au milieu d’un silence de mort, le comte fit un signe.
Un homme pénétra alors dans la chambre et vint se placer près de la cheminée.
Cet homme portait un réchaud rempli de charbons ardents, au milieu duquel plongeait une longue tige de fer.
— Je suis de race princière, alliée à la maison de France ; mes ancêtres ont régné à Pise et à Florence, j’ai droit de haute justice sur mes terres, reprit le comte, dont les traits avaient pris la rigidité du marbre : cette justice, je prétends l’exercer contre cet homme qui m’a déshonoré : c’est mon droit ; quelqu’un d’entre vous prétend-il s’y opposer ?… qu’il parle, qu’il me prouve que le misérable qui se tord à mes pieds n’est pas coupable !… j’attends !
Pas une voix ne se fit entendre.
— Alors, continua le comte dont la voix se faisait plus ferme, l’accent plus sombre, vous reconnaissez la culpabilité de cet homme, la justice de ma vengeance ?
— Oui ! répondirent les assistants qui tous étaient les amis ou les affidés du comte.
Seuls, les prisonniers gardèrent un morne silence ; ils