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— Je l’ai lu en effet, señor.

— Et vous êtes résolu à m’obéir ?

— Tel est mon devoir, je n’y faillirai pas.

— Très-bien, caballero ; vous êtes-vous occupé de vous procurer les renseignements que je vous ai demandés, il y a quelques jours, sur le compte d’une certaine personne, arrivée il y a quelque temps, dans la partie française de Saint-Domingue ?

— Oui, señor.

— Quels sont ces renseignements ?

— Señor…

— Oh ! vous pouvez parler sans crainte ; les personnes dont vous êtes accompagné, ont sans doute votre confiance, de mon côté, je suis sûr de celles qui sont avec moi.

— Eh bien, señor, ces renseignements sont d’une espèce toute particulière.

— Ah bah ! voyons donc cela ?

— La personne dont il est question, n’a été nommée au poste éminent qu’elle doit occuper, que par l’influence alors toute prépondérante, du Roi Louis XIV à la cour d’Espagne ; mais cette personne, dont il est inutile n’est-ce-pas de prononcer le nom…

— Oui, señor, parfaitement inutile.

— Mais cette personne, dis-je, compte un grand nombre d’ennemis puissants auprès de S. M. Catholique ; ces ennemis contraints de se courber provisoirement devant la volonté royale, ont accepté en frémissant cette nomination ; tout en se promettant en secret, de saisir la première occasion favorable, pour se venger du tort qu’ils avaient souffert. La France et l’Espagne sont ennemies de nouveau ; la guerre est déclarée entre les deux nations ; se poursuit avec acharnement. Les ennemis de la personne que vous savez, ont relevé la tête ; leur influence un instant effacée, elle est redevenue plus grande que jamais ; voici ce que je suis chargé de vous dire textuellement : « Le nouveau vice-roi du Pérou, débarquera à la Véra-Cruz ainsi que le font tous les