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Le flibustier marchait déjà depuis une demi-heure, sans qu’il se fût en apparence, beaucoup rapproché de l’endroit qu’il voulait atteindre. Le chemin devenait de plus en plus difficile ; le sentier s’escarpait, et prenait d’instant en instant, des pentes plus raides ; puis tout à coup après avoir franchi un ravin assez profond, la lumière disparut.

Ce fut en vain que Vent-en-Panne essaya de l’apercevoir de nouveau, en prenant différentes places ; il ne vit rien.

De guerre lasse, il allait probablement renoncer à une recherche, qui lui semblait devoir rester infructueuse, et retourner au boucan, lorsqu’il crut entendre à une distance assez rapprochée, le bruit des pas pressés de plusieurs hommes.

Le flibustier ignorant à qui il aurait affaire, et ne voulant pas être pris à l’improviste, se jeta derrière un quartier de roc, et s’y embusqua, de manière à voir sans être vu lui-même, les gens dont les pas se rapprochaient rapidement, et qui n’allaient pas tarder à passer devant lui.

En effet, quelques minutes s’étaient à peine écoulées, que quatre individus portant le costume espagnol, et marchant à la suite les uns des autres, débouchèrent d’un chemin creux ; ils passèrent si près du flibustier que leurs manteaux frôlèrent le roc derrière lequel il était tapi ; ces hommes étaient armés, ils paraissaient appartenir à la classe supérieure de la société ; ils allaient d’un pas presque gymnastique, sans échanger une parole.

Le flibustier leur laissa quelques toises d’avance, puis il les suivit ; mais cependant d’assez loin pour ne pas être découvert, si l’un d’eux se retournait par hasard.

Après un quart d’heure de cette poursuite singulière, Vent-en-Panne aperçut de nouveau la lumière, que vainement il avait cherchée quelques instants auparavant ; cette fois elle était si rapprochée, qu’il était impossible de la perdre de nouveau.