paraissaient des hommes résolus ; ils étaient armés de fusils ; parmi eux, il distinguait sans pouvoir cependant les reconnaître positivement, les deux hommes à la poursuite desquels il s’était si fort acharné, et qu’il suivait depuis plus d’une heure.
Tout à coup plusieurs décharges éclatèrent et quatre ou cinq Espagnols roulèrent sur le sol.
— Bon ! fit Vent-en-Panne avec un sourire railleur, le diable s’en mêle ; ces imbéciles ont été donner tout droit dans le boucan du Poletais ; ils seront bientôt entre nos mains.
Cependant la fusillade s’était vigoureusement engagée ; elle continuait toujours, entre les Espagnols et leurs invisibles ennemis.
Vent-en-Panne et les siens se rapprochaient rapidement ; ils ne furent bientôt plus qu’à une portée de fusil des fugitifs.
— Il est temps de venir en aide au Poletais, mes gars, dit Vent-en-Panne ; mais avant tout, écoutez bien ceci : vous voyez ces deux hommes, n’est-ce pas ? c’est pour eux seuls, que j’ai fait cette longue course ; c’est donc à eux surtout qu’il faut vous attacher ; je ne veux pas m’être essoufflé à courir en vain pendant si longtemps à leur poursuite ; il me les faut, je les veux, morts ou vifs peu m’importe, pourvu que vous me les donniez ; c’est bien entendu et bien compris, n’est-ce pas ?
— Oui, oui, répondirent les flibustiers d’une voix contenue.
— Eh bien, mes gars, maintenant feu, et tirons en plein corps !
L’effet de cette décharge fut terrible pour les Espagnols ; les malheureux combattaient avec toute l’énergie du désespoir, pour échapper aux balles du Poletais ; attaqués à l’improviste par derrière, ils se sentirent perdus ; sans essayer plus longtemps une résistance inutile, ils jetèrent leurs armes et tombèrent à genoux en implorant piteusement la pitié de leurs ennemis.
Deux d’entre eux seulement ne prirent pas ce parti.