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venus si à propos en aide, étaient non-seulement leurs meilleurs amis, mais encore les chefs les plus célèbres de l’association.

Voici comment avait été causée cette rencontre fortuite :

Le duc de la Torre devait, d’un moment à l’autre, s’embarquer avec sa famille sur le Robuste, que M. de Colbert avait par ses dépêches à M. d’Ogeron, mis gracieusement à sa disposition pour le conduire à la Vera-Cruz, d’où il lui serait facile de se rendre au Pérou, sur un navire espagnol.

Le duc avait beaucoup entendu parler des boucaniers et de leurs chasses merveilleuses dans les savanes ; il avait témoigné le vif désir de ne pas quitter Saint-Domingue, où, probablement, il ne reviendrait jamais, sans visiter un boucan et assister à une grande chasse aux taureaux sauvages et aux sangliers.

Le gouverneur désirant être agréable à son hôte, saisit avec empressement cette occasion qu’il lui offrait : il lui promit de satisfaire sa curiosité, sous deux jours au plus tard, pour tout délai.

Cette singulière partie de plaisir avait été concertée entre le duc et M. d’Ogeron, devant Montbarts, le Beau Laurent, Ourson tête de fer, Pitrians et Michel le Basque.

Les hardis flibustiers s’étaient alors offerts tout naturellement, pour escorter l’hôte de la colonie, et lui faire les honneurs de la savane.

Précisément le Poletais, un des plus célèbres Boucaniers de l’île, chassait en ce moment dans le grand fond.

Montbarts se fit fort de conduire le duc au boucan du Poletais, où il lui assura une bonne réception.

L’offre était des plus gracieuses ; une escorte d’honneur, composée de Montbarts et de ses compagnons n’était nullement à dédaigner ; nul n’oserait s’attaquer à d’aussi redoutables champions ; le duc accepta avec joie, pour lui et pour sa famille. Les dames, encore plus curieuses que le duc, en leur qualité de femmes, avaient po-