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hommes au moins ; dont une trentaine avaient des fusils, tandis que les autres étaient armés de longues lances.

Ces Espagnols cernaient de tous côtés un petit groupe d’individus, dont à travers la fumée il était impossible de distinguer les traits, mais qui évidemment étaient des Frères de la Côte.

Ils avaient tué leurs chevaux derrière lesquels il s’étaient abrités, de là ils faisaient un feu continuel et surtout bien dirigé contre les Espagnols ; ceux-ci, sans la honte qu’ils éprouvaient d’être ainsi tenus en échec par une poignée d’hommes, se seraient déjà depuis longtemps retirés, car ils avaient éprouvé des pertes sérieuses.

— Écarte-toi un peu, dit Vent-en-Panne à voix basse, et ouvre l’œil.

L’Olonnais obéit.

— Eh ! Michel le Basque ! le Poletais ! Pitrians ! l’Olonnais ! cria alors le flibustier d’une voix tonnante, par ici ! par ici ! nous les tenons !

— Nous voici ! nous voici ! répondirent aussitôt l’Olonnais et les engagés de différents côtés

— Feu sur les Gavachos ! feu ! ils sont pris !

Cinq coups de feu éclatèrent ; cinq hommes tombèrent.

— En avant ! Flibuste ! Flibuste ! tue ! tue ! aux Gavachos !

Cinq autres coups de feu tonnèrent, faisant cinq autres victimes, et les flibustiers se ruèrent la crosse haute sur les Espagnols.

Cependant les Frères de la Côte, qui depuis si longtemps combattaient avec un si grand courage, avaient compris qu’un secours leur arrivait ; sans attendre davantage, ils bondirent par-dessus leurs chevaux morts et se jetèrent dans la mêlée.

Alors commença une de ces luttes homériques, un de ces combats à outrance, comme les Espagnols et les Boucaniers s’en livraient, chaque fois que le hasard les mettait en présence.