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— Je te le promets.

— Je reçois ta parole, matelot ; des hommes comme nous savent ce qu’ils valent réciproquement et s’entendent à demi-mot ; laisse-moi faire, tu t’en trouveras bien.

— Je t’obéirai en tout.

— J’y compte ; le soleil se lève : dans dix minutes, il fera grand jour ; te sens-tu assez fort pour quitter ce lit, sur lequel, à mon avis, tu es resté étendu trop longtemps ?

— Je souffrais, j’étais lâche ; à présent j’espère : quoi ? Je n’ose le dire encore ; mais cet espoir me rend heureux ; je me sens fort. Plus de honteuses faiblesses, me voici redevenu un homme, quoi qu’il advienne, compte sur moi, matelot.

— Bien, matelot ; voilà comme j’aime à te voir ; habille-toi ; à propos, je n’ai pas besoin, n’est-ce pas, de t’avertir que tout e que nous avons dit cette nuit, doit mourir entre nous.

— Soit tranquille, je l’ai déjà oublié ; répondit l’Olonnais avec un fin sourire.

— À la bonne heure, reprit Vent-en-Panne sur le même ton ; il y a plaisir avec les gens qui comprennent à demi-mot. Hâte-toi, après déjeuner nous sortirons.

Les engagés furent très-surpris, quand ils virent l’Olonnais déjeuner de bon appétit, en véritable convalescent, et boire rasade sur rasade sans en paraître incommodé !

Vent-en-Panne souriait.

— Que faisons-nous ? demanda le jeune homme en se renversant sur son siège, lorsque la dernière bouchée fut mangée, le dernier verre vidé rubis sur l’ongle.

— Donc tu te sens fort et disposé à la promenade ? dit le flibustier.

— Extraordinairement ! répondit en riant le jeune homme.

— Eh bien, si tu veux, nous chasserons toute la journée ; la chasse est un exercice salutaire.

— Va pour la chasse !