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me causer la moindre douleur ; j’ai faim, ajouta-t-il en souriant, tu vois que je suis guéri.

— En effet, dit Vent-en-Panne d’un ton de bonne humeur ; tant mieux, matelot, cette nouvelle me ragaillardit ; ainsi tu vas te lever ?

— Pardieu ! après nous déjeunerons ; et puis, si cela ne te contrarie pas trop, nous irons de compagnie faire une longue promenade dans la Savane ; j’ai hâte de respirer l’air embaumé des grands bois ; cela complètera ma guérison.

— À la bonne heure ! qu’il soit donc fait comme tu le désires ; quelques heures d’exercice te rendront toutes tes forces ; ce soir tu seras redevenu un homme ; je t’avoue, matelot, que j’avais hâte de te revoir debout.

— Est-ce que tu as quelque projet ?

— Peut-être, matelot ; mais il ne s’agit pas de cela, quant à présent ; le soleil ne se lèvera pas avant une demi-heure ; rien ne nous presse, veux-tu que nous causions un peu avant que tu te lèves ?

— Comme il te plaira, matelot ; il s’agit donc d’une affaire sérieuse ?

— C’est selon comment tu la comprendras ; dans tous les cas c’est une affaire entre toi et moi seuls, tu m’entends ?

— Parfaitement, matelot ; file ton loch, je t’écoute.

— Bon ! tu sauras donc sans plus de préambules, que ce que tu m’as dit m’a donné beaucoup à réfléchir ; cela m’a trotté dans la tête pendant toute la nuit.

— Bah !

— Mon Dieu, oui.

— C’est singulier !

— Au contraire, c’est bien simple ; il ne pouvait en être autrement.

— Pourquoi donc ?

— Pour mille raisons.

— Oh ! oh ! fit le jeune homme en se redressant, donne m’en donc une ?