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Les deux hommes furent placés à quatre-vingts pas l’un de l’autre ; Bothwell était pâle, il avait les sourcils froncés ; l’Olonnais souriait ; ni l’un ni l’autre ne prononça une parole.

Montbarts et Danican se tinrent à droite et à gauche des combattants, à une dizaine de pas à l’écart.

L’Olonnais et Bothwell étaient droits et fermes, le fusil au pied.

— Feu ! cria Montbarts d’une voix stridente.

Les deux détonations se confondirent en une seule.

La balle de l’Olonnais avait brisé le fusil de Bothwell dans ses mains, le flibustier tenait encore entre ses doigts crispés la crosse de son arme. L’Olonnais était livide, il chancelait ; il avait laissé tomber son fusil, et de ses deux mains, il se prenait la poitrine avec force, comme s’il étouffait.

Tout ceci s’était passé en quelques secondes à peine.

Le beau Laurent, Michel le Basque, et les autres flibustiers, comme cela avait été convenu, restaient à l’écart ; ils ne semblaient aucunement se préoccuper des péripéties du duel, bien qu’en réalité, il les intéressât au plus haut point, à cause de la vive sympathie que leur inspirait l’Olonnais.

— En avant ! cria Montbarts.

Bothwell tressaillit, un sourire sinistre crispa ses lèvres, il poussa une exclamation étouffée, ressemblant à un rugissement de tigre, et brandissant sa hache, il s’élança en courant sur son adversaire, toujours à demi courbé, et en apparence en proie à une prostration complète.

Mais soudain, l’Olonnais se redressa, un double éclair jaillit de son regard, il saisit son arme et bondit à la rencontre de son ennemi.

On entendit le choc sec et strident des deux haches s’entrechoquant à coups répétés ; tout à coup l’Olonnais jeta un cri, enlaça son adversaire de ses bras nerveux, lui fit perdre pied, et tous deux roulèrent sur le sol.