s’éparpillait en touffes parfumées sur ses épaules ; sa moustache, coquettement retroussée, imprimait à sa physionomie un cachet de crânerie qui lui donnait un charme extrême.
Le costume grossier qu’il portait en ce moment, loin de lui être désavantageux, faisait, au contraire, ressortir ses formes réellement exquises et la noblesse innée de ses moindres gestes.
Le comte Ludovic de Manfredi-Labaume, par ses allures et sa prestance, était l’opposé le plus complet du prince de Montlaur : soigneusement enveloppé d’un caban de marin, sans doute pour se garantir des atteintes glaciales de la brise qui, au dehors, soufflait en foudre, il avait la tête abritée par un de ces chapeaux de toile goudronnée auxquels les matelots donnent le nom de Surouest, et dont les ailes retombent par derrière jusqu’au milieu du dos ; de larges hauts-de-chausses, serrés aux hanches par une ceinture en cuir jaune, dans laquelle étaient passés deux pistolets, une hache et un poignard, complétaient son costume.
Le comte, ainsi que nous l’avons dit, était d’origine italienne ; mais il appartenait à cette race blonde, si belle et si appréciée par-delà les monts, que Raphaël, à qui elle parut presque divine, fit toutes ses vierges blondes ; il paraissait doué d’une vigueur extraordinaire ; c’était un homme d’une taille un peu au-dessus de la moyenne, trapu et solidement charpenté ; en entrant dans la chambre, il avait jeté son surouest sur un meuble, par un mouvement machinal ; ce qui permettait de voir sa tête, grosse, couverte d’une forêt de cheveux d’un blond fauve, dont les boucles épaisses tombaient sur ses épaules et se confondaient avec sa barbe, de même couleur, qu’il portait entière et longue ; ses yeux gris, bien ouverts, pétillaient d’intelligence et de finesse, quoique son regard fût droit et franc ; son front découvert, son nez un peu recourbé, aux narines mobiles ; sa bouche grande, aux lèvres rouges, sensuelles et aux dents bien rangées et d’une blancheur, éclatante, lui