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— Oui ; quelques jours encore ; ne vous ai-je pas dit que j’ai un pressentiment ?

— En effet.

— Eh bien, reprit Bothwell avec un mauvais sourire, je veux voir s’il se réalisera.

— Quand devons-nous partir ?

— Tout de suite, si cela vous est possible.

— Alors, adieu, capitaine, avant une heure nous serons sous voiles.

— Adieu et bonne chance ; à bientôt.

Les deux étrangers se levèrent, et se dirigèrent vers la porte ; au moment où ils allaient l’atteindre, Bothwell les rappela.

— Ah pardon, leur dit-il, j’oubliais.

— Quoi donc ? fit Chanteperdrix en se rapprochant.

— Oh ! presque rien ; un simple avertissement.

— Un avertissement ?

— Non, je m’explique mal, un conseil ; il est bien entendu que nous n’avons plus rien de caché entre nous, n’est-ce pas ?

— Franchise entière ; dit Chanteperdrix, d’un air béat.

— Eh bien, puisqu’il en est ainsi, voici mon conseil.

— Nous écoutons.

— Souvenez-vous qu’on ne doit jamais chasser deux lièvres à la fois, parce que l’on risque de n’en prendre aucun.

— Ce qui veut dire ?

— Vous ne comprenez pas ?

— Non, sur l’honneur.

— Allons, je vois qu’il faut mettre les points sur les i.

— Mettez, capitaine ; de cette façon, toute équivoque sera impossible.

— Soit ; eh bien, en venant à la Côte, vous avez un double but ; choisissez entre les deux. Que préférez-vous ? Vous venger de Vent-en-Panne, ou essayer de