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rité de toutes ces intrigues de ruelles ; à cause de la sagesse, du dévouement de la pauvre enfant, d’une part, et de l’autre, par la déloyauté de son lâche séducteur.

— Hein ? qu’avez-vous dit ? s’écria le marin d’une voix menaçante, en se redressant brusquement.

— J’ai dit la déloyauté de son lâche séducteur ; reprit le médecin d’un ton paterne.

— Continuez.

— Cela vous intéresse déjà ?

— Peut-être ; vous avez un but, en me racontant cette soi-disant histoire…

— Pardon, monsieur, véridique histoire, s’il vous plaît.

— Soit ! je vous le répète, vous avez un but ?

— Oui, monsieur.

— Quel est-il ?

— Je vous laisse, monsieur, le soin de le comprendre ; du reste, voici le fait en deux mots : vous m’arrêterez, lorsque vous le jugerez à propos.

— Pourquoi supposez-vous que je puisse vous interrompre ?

— Qui sait ? Peut-être ce récit n’aura-t-il pas le bonheur de vous plaire ; d’ailleurs, rien ne m’est plus facile que de me taire.

— Pardon, monsieur, vous avez voulu parler, malgré mon désir de ne pas entendre ce récit ; vous avez commencé, il faut finir ; c’est moi, maintenant, qui exige que vous terminiez cette histoire ; vous avez prononcé deux mots dont je veux avoir l’explication.

— J’y consens, monsieur ; d’autant plus que ces deux mots qui vous semblent si forts, me paraissent trop doux, à moi, pour qualifier le crime dont le héros de cette malheureuse histoire s’est rendu coupable : Un jeune homme, vivement poursuivi par la maréchaussée ; blessé de deux coups de feu ; n’ayant plus à la main que le tronçon de son épée ; sentant ses forces l’abandonner, car tout son sang s’échappe en bouillonnant de ses