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monsieur le capitaine, reprit le valet ; il suffira que cette réponse soit verbale.

— Tributor, aie soin que ce brave garçon ne manque de rien, dit Vent-en-Panne.

Le valet salua et sortit en compagnie de l’engagé.

— À présent voyons la mission du noble duc, fit gaiement le boucanier.

L’Olonnais décacheta la lettre et la lut à haute voix après l’avoir parcourue des yeux.

— Écoutez, frères, dit-il.

Voici ce que contenait la lettre :

« Monsieur le Capitaine,

« Depuis que j’ai quitté le navire le Coq, je n’ai pas eu l’avantage de vous voir. Dans quelques jours, très-probablement, M. d’Ogeron me fournira les moyens de me rendre au Mexique où je suis attendu. Je serais désespéré de quitter Léogane, sans doute pour toujours, avant que d’avoir pu vous exprimer toute la reconnaissance que ma famille et moi nous avons conservé dans notre cœur pour les éminents services que vous et votre lieutenant, M. Pitrians, nous avez rendus, et les soins dont vous nous avez entourés pendant la traversée de Dieppe à Léogane. Vous nous comblerez de joie, monsieur le capitaine, si vous consentez vous et M. Pitrians à accepter l’invitation que j’ai l’honneur de vous faire de venir sans cérémonie, comme vous faisiez sur le Coq, dîner chez moi. Nous serons presque en famille. Il vous suffira de dire oui au serviteur qui vous remettra cette lettre pour nous rendre tous heureux.

« Croyez, monsieur le capitaine, à la vive sympathie et à la profonde reconnaissance
« de votre ami et sincèrement dévoué,
« Don Blas Sallazar y Fonseca, comte de Médina del campo, duc de la Torre.
« Léogane, 9 septembre 1674.