Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bah ! bah ! tout finira probablement mieux que vous ne le supposez ; venez.

— Vous savez quelque chose ?

— Je ne dis ni oui ni non. Allons, courage !

— Allons ! fit le jeune homme avec un soupir étouffé.

Ils entrèrent dans la maison.

Un valet, sans leur rien demander, les précéda, ouvrit une porte, et s’effaça pour les laisser passer.

Ils pénétrèrent alors dans une salle assez vaste, où une quinzaine de personnes étaient réunies.

Toutes les mains se tendirent vers Vent-en-Panne.

Les deux marins étaient demeurés modestes et confus près de la porte.

En effet l’assemblée était imposante.

Au nombre des personnes réunies dans cette salle, se trouvaient dix des chefs les plus renommés de la flibuste, Montbards l’exterminateur, Ducasse, le Beau Laurent, Michel-le-Basque, Ourson tête de fer et d’autres encore ; puis M. d’Ogeron le gouverneur, et quatre personnages aux traits sévères, représentants de la Compagnie des Indes à Saint-Domingue ; M. de Lartigues et deux de ses officiers se tenaient un peu à l’écart dans un angle de la salle. Toutes les autres personnes étaient assises, excepté le gouverneur.

Lorsque les deux jeunes gens entrèrent dans le salon, tous les regards se fixèrent sur eux, ce qui augmenta encore leur confusion.

— Soyez les bienvenus, messieurs, dit gracieusement le gouverneur en leur avançant des sièges et les forçant à s’asseoir, ce qu’ils ne firent qu’avec une maladresse extrême, tant ils étaient décontenancés. Messieurs, continua M. d’Ogeron toujours souriant, je vous ai fait prier de passer au gouvernement parce que messieurs les directeurs de la Compagnie des Indes ont certaines questions à vous adresser, je crois même des propositions à vous faire, et qu’ils ont insisté, sans m’en faire connaître les motifs, pour que cet entretien eût lieu ici en notre présence.