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trayons, en les abrégeant, de ce rapport qui existe encore aux archives du ministère de la marine.

Le comte Horace de Villenomble, malgré l’humiliation que lui avait fait subir le capitaine Guichard, n’éprouvait aucune haine contre celui-ci ; il ne lui avait même pas conservé rancune de cet affront qui, pensait-il, venant d’un manant, ne pouvait l’atteindre, lui, gentilhomme de vieille race. Telles étaient les idées absurdes et erronées de la noblesse à cette époque ; elles nous semblent aujourd’hui bien stupides, bien misérables, mais alors tous les gentilshommes pensaient ainsi. Nous reprenons :

Toute la haine de l’officier s’était concentrée sur le duc de la Torre, dont le mépris renversait tous les plans qu’il avait formés, pour rentrer en grâce auprès du ministre, et se refaire ainsi une position digne du nom illustre qu’il portait.

Ce fut donc du duc de la Torre et par ricochet de sa famille qu’il résolut de se venger.

Ayant fait installer lui-même l’appartement du noble étranger, il le connaissait parfaitement ; mais de plus, il s’était réservé adroitement les moyens de s’y introduire, quand cela lui plairait, à l’insu de M. de la Torre.

Le poste que l’ex-officier avait adopté dans le canot était on ne peut mieux choisi. Suspendu à l’arrière du navire, ce canot était assez rapproché des fenêtres de l’appartement, pour qu’il fût possible de les atteindre et même de les ouvrir du dehors, grâce aux précautions prises à l’avance par l’officier.

Le comte Horace avait résolu de poignarder celui qu’il considérait comme son ennemi mortel, et qui n’avait envers lui en réalité, d’autre tort que de l’avoir bien traité, et de s’être intéressé à lui.

Voici de quelle façon il procéda pour accomplir cette vengeance.

Pendant les trois ou quatre visites qu’il fit à sa cabine, il prit des armes : une hache, un poignard et des