Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

félicitait secrètement du chemin qu’il avait fait dans l’esprit de M. de la Torre ; il entrevoyait dans un avenir prochain le succès presque assuré de ses machinations et de ses trames si adroitement tissées, lorsqu’un événement auquel il était bien loin de s’attendre vint, non pas changer, mais complétement modifier ses projets, et le pousser ainsi à sa perte.

Cet événement fut la prise du bâtiment de la Compagnie des Indes, le Coq, par le vaisseau de guerre espagnol, le Santiago.

Voici comment le navire français fut amariné à l’improviste, à cent cinquante lieues au plus de l’île de Saint-Domingue, but de son voyage, lorsqu’il se croyait certain d’avoir trompé la vigilance des nombreux croiseurs ennemis et de leur avoir échappé.


IV

COMME QUOI LE COMTE HORACE TOMBA DE FIÈVRE EN CHAUD MAL ET SE VIT CONTRAINT DE QUITTER LE NAVIRE LE COQ D’UNE FAÇON TRÈS-DÉSAGRÉABLE.

Quatre coups doubles frappés par un timonier sur la cloche, annoncèrent à l’équipage du navire le Coq qu’il était huit heures du soir.

Le temps était sombre, couvert, le vent assez fort, la mer clapoteuse.

Le comte Horace de Villenomble, second capitaine du navire, après avoir établi la voilure réglementaire pour la nuit ; c’est-à-dire fait rentrer les bonnettes, prendre un ris aux huniers et assurer les bras du vent,