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— Bah ! ne vous ai-je pas dit que j’avais toujours eu du bonheur ! il me reste la chance. C’est dit, capitaine, j’accepte et je pars avec vous.

— Vous acceptez ?

— Oui, mais à deux conditions.

— Voyons les conditions ?

— La première c’est que pendant toute la traversée je ferai mon métier de matelot, et je serai considéré comme faisant partie de l’équipage.

— Voyons la seconde ?

— Quand appareillez-vous ?

— Après-demain à l’heure de la marée.

— Eh bien ! la seconde c’est que je demeurerai à terre jusqu’au moment du départ. Est-ce convenu, capitaine ?

— J’accepte vos conditions. Vous ferez le service de deuxième lieutenant à bord.

— Merci, capitaine, vous n’aurez pas à vous plaindre de moi.

— Je le crois. Et qui sait ? peut-être là-bas pourrai-je vous être utile. Quel est votre nom ?

— Je n’en ai jamais eu ; on m’a toujours appelé l’Olonnais à cause de la ville où probablement je suis né.

— Soit, on vous nommera ainsi. Eh bien ! l’Olonnais, suivez monsieur ; signez votre engagement, et soyez exact après-demain.

— Merci, capitaine ; comptez sur moi.

En ce moment le canot du capitaine Guichard arriva ; celui-ci s’embarqua et regagna son bord.

L’Olonnais retourna au Pollet en compagnie de M. de Frappel ; l’agent de la compagnie lui fit signer son engagement, lui compta une prime de cent cinquante francs, somme énorme pour l’époque, lui fit promettre de ne pas manquer à sa parole, et le congédia en lui souhaitant tous les bonheurs possibles.

Le jeune homme remercia. M. de Frappel, et le quitta en faisant joyeusement sauter les écus de six livres qui remplissaient sa poche.

Mais, dès que l’Olonnais fut seul, son visage redevint