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— C’est cela, commandant, dit le boucanier en vidant son verre. À votre santé !

— À la vôtre, capitaine !

Au moment où ils se levaient après avoir fait consciencieusement rubis sur l’ongle, ainsi qu’on dit vulgairement, la porte de la dunette s’ouvrit et un officier parut sur le seuil, le chapeau à la main.

— Que désirez-vous, monsieur de Pomereu ? demanda le commandant.

— Commandant, le plus gros vaisseau, fait depuis quelques minutes, des signaux que nous essayons vainement de déchiffrer, et qu’il nous est impossible de comprendre, dit l’officier saluant respectueusement.

— Eh ! dit Vent-en-Panne, notre système de pavillon n’est pas tout-à-fait le vôtre, cela n’a rien d’étonnant. C’est à moi sans doute que ces signaux s’adressent. Avec votre permission, commandant, je crois que nous ferions bien d’aller voir cela ?

Les officiers quittèrent alors la dunette et montèrent sur le château d’arrière.

Le jour était tout-à-fait venu ; les trois bâtiments en panne à une portée de pistolet les uns des autres, se balançaient gracieusement au caprice de la houle.

Ainsi que M. de Pomereu l’avait annoncé à son chef, le Santiago faisait des signaux répétés.

Vent-en-Panne examina attentivement ces signaux pendant quelques secondes, puis ils se tourna vers M. de Lartigues ; ses sourcils étaient froncés, sa physionomie sérieuse.

— Je suis contraint de retourner à mon bord immédiatement, monsieur le commandant, dit-il ; il se passe ou il s’est passé, car je devine, plutôt que je ne comprends ces signaux, qui sont mal faits, quelque chose de fort grave à bord du Santiago. Peut-être aurai-je besoin de votre intervention, si les faits sont tels que je les soupçonne ?

— Allez, mon cher capitaine, et comptez sur moi. Pouvons-nous procéder au transbordement des prisonniers ?