mandant, chacun envisage les choses à son point de vue.
— Voyons, mon cher capitaine, dit en souriant M. de Lartigues, j’ai quelques avaries à réparer, des vivres à prendre ; je vous accompagnerai au Port-Margot.
— Ce n’est pas possible.
— Pourquoi donc cela ?
— Parce que vous n’y auriez pas assez d’eau pour votre vaisseau. Il nous faut aller à Léogane.
— À Léogane, soit ; peu m’importe.
— Bien.
— Voulez-vous me confier vos prisonniers, et me laisser en disposer à ma guise ?
— Vous les confier, commandant, je ne demande pas mieux ; mais vous laisser libre d’en disposer, cela n’est pas possible.
— Vous me refusez ?
— Nullement, mais je dois vois faire observer que ces prisonniers ne sont pas à moi seul.
— À qui sont-ils donc ?
— À mes compagnons.
— Ce qui veut dire ?
— Qu’il doivent être vendus comme esclaves.
— Mais vous vouliez les pendre ?
— Cela est bien différent !
— Je ne saisis pas.
— C’est cependant bien simple. Nous haïssons si fort ces misérables gavachos, que le plaisir de les pendre, compense parfaitement pour nous l’argent que leur mort nous fait perdre.
— Ah ! pardieu ! je ne m’attendais pas à celle-là par exemple ! s’écria le commandant avec un franc éclat de rire ; vous êtes réellement des hommes singuliers.
— Dame ! que voulez-vous ? nous avons si peu de distractions, il faut bien se divertir comme cela se rencontre.
— Vous raisonnez d’une façon ravissante, mon cher