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— Vous voyez, mon cher capitaine, que je n’hésite pas à suivre votre conseil.

— Vous n’aurez pas à regretter la confiance que vous mettez en moi, monsieur de Lartigues.

— Vous me connaissez, monsieur ?

— Comme je connais votre vaillant vaisseau, commandant.

Les valets de M. de Lartigues, avaient couvert la table de rafraîchissements de toutes sortes.

Les deux officiers prirent place ; le commandant remplit les verres ; après avoir trinqué ils burent.

— Vous permettez, commandant ? dit le boucanier en montrant sa pipe.

— Ne vous gênez en rien, capitaine ; loin de m’incommoder, l’odeur du tabac en fumée m’est agréable.

— Alors… dit Vent-en-Panne.

Il bourra sa pipe, l’alluma, et bientôt il disparut presque au milieu d’un épais nuage de fumée.

— Maintenant, dit le commandant, en remplissant de nouveau les verres, nous reprendrons s’il vous plaît, capitaine, notre conversation au point où nous l’avons laissée.

— Volontiers, commandant. À votre santé ! voilà un excellent vin d’Anjou.

— À la vôtre, capitaine ! Vous êtes connaisseur ?

— Un peu. Hum !

— Il s’agissait, je crois, d’un plaisir que vous me vouliez faire ?

— C’est cela même. Il y a une douzaine de jours, monsieur d’Ogeron, notre gouverneur…

— Un de mes meilleurs amis, dit le commandant.

— Je le crois. Donc, monsieur d’Ogeron s’invita sans cérémonie à dîner chez moi à Port-Margot, ainsi qu’il le fait souvent, à cause de l’amitié qu’il daigne me témoigner. Mais cette fois un motif plus sérieux l’amenait. Le matin, un bâtiment de la Compagnie était entré dans le port, chargé pour le gouverneur de dépêches de M. de Colbert ; ce bâtiment avait fait diligence car les