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meilleur goût ; ils parvinrent enfin à une chambre à coucher, à droite et à gauche de laquelle se trouvaient des cabinets de toilette, paraissant préparée pour recevoir un malade.

Un bon feu brûlait dans l’âtre et répandait une douce chaleur dans toute la pièce ; les lumières étaient voilées, de façon à ce que leur éclat ne blessât pas la vue ; sur une table se groupaient des bouteilles de formes étranges, des instruments de chirurgie à demi-dissimulés sous une serviette ; enfin on avait réuni là, avec une prévoyance témoignant d’un vif intérêt ou d’une prudence très-inquiète, ces mille objets indispensables pour hâter la guérison d’une personne atteinte par une maladie sérieuse.

— Voyez, docteur ? dit laconiquement le cavalier, en indiquant la table d’un geste.

Le médecin examina alors les fioles et les instruments de chirurgie avec une sérieuse attention, puis il se tourna vers son compagnon, qui le suivait du regard.

— Tout est parfait ; rien ne manque, dit-il, avec un accent de satisfaction auquel il était impossible de se tromper ; je n’ai plus qu’une observation à faire ?

— Voyons l’observation ?

— Peut-être aurai-je besoin d’un aide.

— Le cas est prévu, docteur ; si vous en reconnaissez la nécessité, sur un mot, un signe de vous, cet aide paraîtra aussitôt ; avez-vous autre chose à demander ?

— Non, monsieur, rien absolument.

— Alors, je vous laisse ; souvenez-vous de ce que l’on vous a dit, et ayez bon courage, docteur ; la personne en question ne tardera pas à arriver ; surtout, ne quittez pas cette chambre.

— Je vous le promets, monsieur.

Le cavalier fit un léger salut et se retira.

Demeuré seul, le médecin resta un moment immobile, le corps penché en avant, et les regards fixés sur