« — Allons-nous-en ! me dit Pâques-Fleuries.
« Elle se leva et se dirigea vers la porte par laquelle nous avions pénétré dans ce salon.
« Je la suivis.
« La Machuré souriait de plus en plus.
« — Bon ! murmurait-elle entre ses deux gencives dépourvues de dents, je les croyais plus fortes ! Enfin ! cela viendra ! cela viendra !
« Au moment où Pâques-Fleuries mettait la main sur le bouton de la porte, on tira un verrou au dehors.
« Nous étions prisonnières.
« — Ah ! c’est un piège ! m’écriai-je, tout en cherchant autour de moi une issue, une chance de nous échapper.
« Derrière la jeune fille, il y a la bohémienne, en moi.
« Or, l’émotion de la jeune fille une fois surmontée, la volonté, la ruse de la bohémienne prennent le dessus.
« Vous verrez que dans la circonstance actuelle l’énergie ne me manqua pas.
« En entendant le bruit du verrou qu’on tirait, Pâques-Fleuries se rapprocha de moi, et m’entourant la taille d’un de ses bras, elle étendit l’autre vers la Machuré.
« — Ordonnez qu’on nous ouvre cette porte ! fit-elle avec un geste de reine.
« — Celle-là, non, répondit la mégère ; celle-ci, oui !
« Et, frappant des mains, elle cria :
« — Entrez, baron !
VII
COMMENT ROSETTE FINIT SON HISTOIRE
« Un homme entra.
« Cet homme était le baron de Kirschmarck.
« Il se croyait tellement sûr de l’impunité, grâce à son immense fortune, il avait la conviction tellement intime de ne pas rencontrer une cruelle, parmi toutes les malheureuses ou misérables amenées par la Machuré dans sa petite maison de la rue Moncey, qu’une fois le masque jeté, il ne se donna même pas la peine de cacher son nom.
« Vous connaissez ce vieux débauché, tout au moins de réputation, si vous ne le connaissez pas de vue.
— Vous n’avez pas besoin de me faire son portrait, chère enfant, fit M. Lenoir ; je me suis souvent trouvé avec lui en relations d’affaires.
— Tant mieux, répondit la Pomme, j’aurai moins long à vous en raconter sur lui.
« Une fois entré dans le petit salon où nous nous trouvions, Pâques-