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voulait lui exprimer de la reconnaissance, il piquait son cheval et allait tendre ses trappes au loin afin de donner le temps à ceux qu’il avait obligés d’oublier le service rendu.

Tous les ans à la même époque, c’est-à-dire vers le mois d’octobre, le Cœur-Loyal disparaissait pendant des semaines entières sans que l’on pût soupçonner où il allait, puis lorsqu’il reparaissait, pendant quelques jours, son visage était plus sombre et plus triste.

Un jour, il était revenu de l’une de ces mystérieuses expéditions accompagné de deux magnifiques limiers tout jeunes, qui depuis étaient demeurés avec lui et qu’il semblait aimer beaucoup.

Cinq ans avant l’époque où nous reprenons ce récit, revenant un soir de poser ses trappes pour la nuit, il avait tout à coup distingué à travers les arbres le feu d’un campement indien.

Un homme blanc, âgé de dix-sept ans à peine, attaché à un poteau, servait de but aux couteaux des Peaux-Rouges, qui se divertissaient à le martyriser avant de le sacrifier à leur rage sanguinaire.

Cœur-Loyal, n’écoutant que la pitié que lui inspirait la victime, sans réfléchir au danger terrible auquel il s’exposait, s’était bravement élancé au milieu des Indiens, et était venu se placer devant le prisonnier, auquel il avait fait un rempart de son corps.

Ces Indiens étaient des Comanches ; étourdis par