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a versé à pleines mains d’innombrables richesses, rien de plus séduisant que ces vertes campagnes, ces épaisses forêts, ces larges rivières ; le murmure mélancolique des eaux sur les cailloux de la plage, le chant des milliers d’oiseaux cachés sous la feuillée, les bonds des animaux s’ébattant au milieu des hautes herbes, tout enchante, tout attire et entraîne le voyageur fasciné, qui bientôt, victime de son enthousiasme, tombera dans un de ces pièges sans nombre tendus sous ses pas parmi les fleurs, et payera de sa vie son imprudente crédulité.

Vers la fin de l’année 1837, dans les derniers jours du mois de septembre, nommé par les Indiens Lune des feuilles tombantes, – Inaqui Quisis, – un homme jeune encore et qu’à la couleur de son teint, à défaut de son costume entièrement semblable à celui des Indiens, il était facile de reconnaître pour un Blanc, était assis, une heure à peu près avant le coucher du soleil, auprès d’un feu dont le besoin commençait à se faire sentir à cette époque de l’année, dans un des endroits les plus ignorés de la prairie que nous venons de décrire.

Cet homme avait trente-cinq ou trente-six ans au plus, quoique quelques rides, profondément creusées dans son large front d’une blancheur mate, semblassent indiquer un âge plus avancé.

Les traits de son visage étaient beaux, nobles, empreints de cette fierté et de cette énergie que donne la vie sauvage. Ses yeux noirs à fleur de